L’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

7 mai 2017.
Emmanuel Macron remporte l’élection présidentielle face à Marine Le Pen et devient par conséquent le 25e président de la République Française.

La campagne a été particulièrement virulente : Emmanuel Macron ainsi que nombre de ses partisans ont notamment menacé de faire condamner Marine Le Pen à de la prison pour « l’ensemble de ses crimes », sans véritablement plus de précisions. Selon la plupart des observateurs de la vie politique, c’est la campagne présidentielle la plus violente de l’histoire.

L’un des proches d’Emmanuel Macron – Michel Flin, Général militaire de son état – a été l’un des plus ardents porte-voix de ces attaques : en meeting, il haranguait régulièrement une foule électrisée de supporters :

Enfermez-la, enfermez-la, enfermez-la !

Emmanuel Macron aux commandes, Michel Flin a été nommé Coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme : il s’agit d’un poste clef, placé directement auprès du président de la République, et dont la mission implique d’avoir connaissance des secrets les mieux gardés et les plus sensibles de la république.

Cependant, très rapidement, de nombreux soupçons commencent à peser sur Michel Flin : il est accusé d’avoir eu des discussions avec des diplomates Russes pendant la campagne présidentielle, cherchant à favoriser l’élection d’Emmanuel Macron en échange de secrets d’état.

Ces allégations conduisent la DGSI à enquêter sur Michel Flin. Sentant l’étau se refermer sur lui, il démissionne, apportant par là-même un crédit certain aux allégations. Afin d’alléger sa peine de prison, il plaide coupable à deux reprises auprès d’un juge abreuvé de preuves matérielles fournies par l’enquête de la DGSI. Scellant son sort, le président de la République déclare à son endroit :

J’ai du renvoyer le Général Flin car il a menti au Premier ministre et à la DGSI. Il a plaidé coupable vis-à-vis de ces mensonges. C’est dommage car ses actions durant la passation de pouvoir étaient légales. Il n’y avait rien à cacher !

Le Général Flin est envoyé en prison, l’histoire s’arrêter donc ici.

Pourrait-on penser.

A peine deux ans plus tard, le Ministère de la Justice innocente Michel Flin sur ordre direct du Président, faisant fi de la traditionnelle séparation des pouvoirs entre exécutif et judiciaire, pierre angulaire de toute démocratie. C’est la première fois dans l’ensemble de l’histoire de la république qu’une situation de ce type se produit : le ministère de la Justice innocente un homme qui a lui-même avoué avoir commis un acte de trahison envers la République.

Michel Flin est libre.

Évidemment, tout ceci n’est que pure fiction. En France, je veux dire, car aux États-Unis, idéal-type de la démocratie, tout cela est bien réel :

U.S. Drops Michael Flynn Case, in Move Backed by Trump

Mais pas d’inquiétude, les élections présidentielles de novembre vont bien se passer…

Être noir en France et aux Etats-Unis

Il est très intéressant de voir la différence de perception à ce sujet entre France et Etats-Unis. Aux Etats-Unis, l’ethnie (ou la race en bon américain) de quelqu’un est un élément structurant dans la société, et profondément politique. Être noir c’est se voir « imposer » un héritage, aussi bien positif (la lutte pour les droits civiques, des traits culturels) que négatif (violences policières, discriminations en tout genre).

La race est un déterminant collectif, pour lequel l’individu n’a finalement pas son mot à dire. A tel point d’ailleurs qu’ils incluent dans les « african-american » toute personne ayant ne serait-ce qu’une goutte de sang noir. Est-ce que Rihanna est african-american, sachant qu’elle vient de la Barbade ? Aux US ça ne fait aucun doute. De plus, nier à un individu son appartenance à une race (comme ils ont le sentiment que nous le faisons), c’est lui nier tout l’héritage qui est associé. C’est en cela que c’est outrageant pour des américains qu’on ait notre position.

En France, c’est plutôt la non-reconnaissance de la race qui est un élément politique, et même structurant pour notre démocratie. Il est évident que ces joueurs ont des origines africaines, personne ne le nie. Mais l’affirmer, sans que eux-mêmes n’aient leur mot à dire, est perçu pour nous comme offensant, car c’est poser l’hypothèse qu’ils sont définis avant toute autre chose par leur race, et que par conséquent ils sont potentiellement en dehors la République.

Le débat est d’autant plus fort que aussi bien la France et les Etats-Unis ont des modèles de société universalistes, c’est-à-dire qui ont vocation à s’imposer au monde entier. Cela renforce d’autant plus notre incapacité à nous comprendre : chacun accuse l’autre d’avoir des prétentions universalistes, et les réfute d’autant plus fortement qu’elles sont contraires à son propre modèle.

Sad!

Source : reddit